Une polémique s'est ouverte au sein de la paroise concernant l'Icône dite de "La Trinité" d'André Roublev. Le sujet porte sur le contenu de la coupe. Il est assez difficile aujourd'hui d'avoir la réponse par l'analyse, même minutieuse, de l'icône elle-même. Aussi, deux "écoles" semblent s'affronter: celle qui veut y voir la tête du Christ, tournée vers l'ange à notre droite (donc à gauche du personnage central) et celle qui y voit une tête d'animal à cornes. Cette polémique est de facto alimantée par la question de "l'ientité" des anges par rapport aux Trois Personnes de la Divine Trinité.
Il est bien évident que si le point de départ est l'Hospitalité d'Abraham (Genèse 18), la richesse de cette scène appelle beaucoup de commentaires, puisqu'elle décrit la venue, sous l'apparence d'un homme, de Yahvé accompagné de deux anges, venant parler à son ami Abraham de la Promesse, marquée ici par l'annonce de la naissance d'Isaac. A partir de cette scène, André Roublev a construit une image d'une grande force théologique, d'un riche symbolisme et d'une merveilleuse beauté. Nous avons ici le plan de l'économie divine avec le "Conseil éternel", les Trois étant en discussion sur le sujet qui est énoncé ainsi par Saint Jean:
"Dieu a tant aimé le monde, qu'Il a donné son Fils unique".
Alors on en ient a analyser les détails: l'arbre derrière lange du centre, est-il "l'arbre de vie" d'où Adam est tombé (Saint Isaac) ou l'arbre de la Croix? Le bâtiment derrière l'ange à notre gauche est-il Eglise, ou Maison du Père? La coupe contient-elle une t^te d'animal (sacrifice de l'Ancienne Alliance) ou celle du Christ (préfiguration du sacrifice du Christ)?
Qu'en pensez-vous?
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Nicolas (jeudi, 08 novembre 2012 19:41)
Bonjour,
Peut être faut-il commencer par revenir à l’origine de l’icône dite de « la Trinité ».
Il convient tout d’abord de dire qu’il est absolument impossible de représenter la Très Sainte Trinité suressentiel de manière pictural, schématique, philosophique, imaginaire, ou de quelques autres manières que ce soit, la Divine Trinité dépassant la raison humaine déchu.
Aussi comment concilier le dogme Trinitaire avec l’iconographie, image de l’invisible dit-on parfois ? L’Eglise a choisit pour cela d’utiliser l’une des Théophanie de l’Ancien Testament, unanimement commentée par les Pères comme étant une manifestation de la Trinité (Pour certains la Trinité dans son ensemble, pour d‘autres la deuxième personne de la Trinité accompagnée de deux anges). Il s’agit de l’épisode plus communément appelé l’Hospitalité d’Abraham (Genèse 18). Nous savons également que depuis les temps anciens, la Sainte Trinité est représenter par cette scène biblique historique, avec les anges attablés sous le chêne, Abraham et Sara Les servant, la maison d’Abraham en arrière plan, et parfois au premier plan un serviteur tuant le veau. Ainsi donc, cette représentation trinitaire a pour fondement un évènement historique, celui d’une théophanie manifesté à Abraham au chêne de Mambré et de l‘hospitalité qu‘il accorda aux célestes voyageurs.
Après cette trop brève introduction, revenons à notre icône réalisée par le saint moine André (Roublev), dont le modèle s’est largement imposé comme représentation de référence (aussi bien par son contenu que dans son expression artistique). Chez saint André, au contraire des anciennes représentations, les circonstances historique de l’apparition sont réduites au strict minimum, sans pour autant les supprimer, il ne reste que les trois anges attablés, le bâton de voyageur dans leurs mains, le plat avec un tête de veau (bien que celle-ci ne soit pas facile a distinguer, il ne faut pas perdre de vu que l‘icône originale mesure environ 1 m de large sur 1,5 m de haut), la maison d’Abraham, le chêne, et la montagne ; Abraham et Sara sont absents. Le centre de gravité de l’icône devenant ainsi entièrement centrer sur le sens dogmatique de l’apparition comme manifestation trinitaire.
Ainsi donc, malgré l’immense richesse d’interprétation possible que l’on puisse donner à la composition, comme la coupe, la maison, l’arbre, le rocher, le positionnement des anges, dont vous donner quelques exemples, il ne faut jamais perdre de vu qu’il s’agit, non pas d’une représentation de la Trinité elle-même, ou encore d’une icône dite théologique comme la Russie en a produit tant au XVIIe siècle, icônes remplis de symbole certes riche de sens mais non conforme au principe de l’iconographie orthodoxe, mais au contraire il s’agit d’une icône représentant un évènement historique (sans incarnation pas d’iconographie possible), réduit ici au strict minimum, qui révèle à Abraham et au monde l’unité et la trinité de Dieu, et l’action de l’ensemble de la Divinité Tri-Hypostatique dans le salut du genre humain.
Il n’est donc pas possible de représenter dans la coupe la tête du Christ ce qui serait un non-sens historique, et par conséquent iconographie, changeant l’icône de la Trinité manifestée à Abraham en icône symbolique ouvrant ainsi la porte à toute sorte de dérive iconographique concernant cette icône, comme par exemple l’inscription IC XC au dessus du second ange, ou encore des nimbes crucifères pour tous ou seulement pour celui du centre, ect…, dérives qui ont été rejeté par l’Eglise.
Pour avoir de plus ample détail, lire l’article de L. Ouspensky sur « L’Icône de la Trinité », dans « Le sens des icônes » (Ed. Cerf), pages 182-187.
arsenios (mercredi, 14 novembre 2012 11:29)
mon ancien texte du 20.10.2012
L’image, ou les images, qui se réfèrent au récit de Genèse 18 ont évolué depuis leurs premières apparitions au IVe siècle : catacombes, enluminures, iconostases et icônes.
Il y a eu plusieurs versions tout au long de la recherche iconographique. Il existe d’ailleurs de nombreux ouvrages à ce sujet.
La tradition patristique a vu en ces trois visiteurs (pèlerins) l’apparition divine en trois personnes. À sa suite, la tradition iconographique a choisi de « représenter » l’icône de la Trinité sous l’aspect de trois personnages célestes assis à la table d’Abraham. A ce moment, les deux représentations cohabitent, c’est-à-dire, l’Hospitalité (récit de l’A.T.) et la manifestation trinitaire (vision théologique crypté).
La vaste thématique sur la nomination ou distinction des trois personnes se développe au fur et à mesure de l’évolution historique et théologique : les iconographes ont suivi les différentes versions, sans que l’Ecriture et la vérité théologique (dogme) soient mises en question. Toutes les études à ce sujet sont d’ailleurs très enrichissantes.
Une chose essentielle concernant cette icône (et toutes les icônes d’ailleurs) c’est que le lieu et la valeur théologique de l’icône sont avant tout dans et par la célébration de la divine liturgie. C’est donc l’autel eucharistique de l’église qui inclut les saintes icônes (et en même temps la concélébration des fidèles avec le prêtre).
L’évolution iconographique (assez complexe) distingue au fur et à mesure ces deux types (lectures) de l’image : l’Hospitalité d’Abraham et la Trinité telle que Roublev la représente pour la première fois.
Il existe donc :
a) Une icône vétérotestamentaire : l’icône de l’Hospitalité d’Abraham (ou Abraham et Sara sont visibles) avec les différents éléments du banquet (galettes, lait, etc…) sur la TABLE et en particulier le veau (en entier, sur un plat, dans une coupe, etc.)
b) Une icône Néotestamentaire : l’icône de la Trinité avec sur l’AUTEL la coupe du sacrifice (icône christologique) et le visage du Christ.
Il est évident que les deux types d’icônes sont entre elles reliées par le même sens : l’événement du sacrifice du Christ et la Rédemption. Mais l’une annonce (prophétise) l’arrivé du Seigneur (préfiguration oui, mais surtout pas par le veau, plutôt dans la conception de Sara, puis sacrifice d’Isaac), tandis que l’autre (celle de Roublev) icône (qui accomplie la première) montre Son arrivée (l’accomplissement de la loi : venue, baptême du Christ, manifestation de la Trinité).
Il ne s’agit pas en premier lieu de représentation iconographique, ou de symbolisme, mais plutôt de révélation. Le Fils promis, le Messie, est arrivé, il s’est donné en sacrifice, et l’humanité voit son salut dans le corps du Christ Dieu…et certainement pas dans le veau.
*
C’est à partir de Roublev que l’icône de la Trinité se présente comme modèle canonique pour l’église et par conséquent pour les iconographes (voir concile des cent chapitres, en 1551, textes, etc.).
Roublev dans sa Trinité a su rassembler la tradition iconographique de l’Eglise pour parvenir à une profonde révélation du sens théologique de l’image : l’icône présente en même temps le mystère trinitaire (Père, Fils et Saint Esprit dans l’unicité divine) et le mystère de l’Eucharistie dans l’actuation sacramentelle du sacrifice du Fils (la coupe du Sacrifice) et de sa Résurrection.
Il s’agit en effet de la coupe de l’immolation du Christ, sacrifice unique qui abolit tous les sacrifices de l’ancienne Alliance.
*
Les ouvrages qui traitent de l’analyse de l’icône de Roublev sont nombreux. Concernant le contenu de la coupe en particulier - et sans avoir d’absolue certitude - car l’icône a subi plusieurs restaurations, on a avancé plusieurs hypothèses : le veau, le veau-visage christique (amalgame curieux : visage humain pourvu de cornes repris par un certain nombre d’iconographes).
C’est grâce aux dernières restaurations qu’on a pu voir sans conteste le visage du Christ dans la coupe (voir reproductions récentes) qui d’ailleurs est en cohérence dogmatique avec l’ensemble de l’icône. Le rapport d’amour entre les personnes de la Trinité est révélé par le sacrifice du Christ : l’autel (non plus la table) sur lequel est posée la coupe, l’arbre au centre qui symbolise la croix (d’après le chêne de Mambré), le temple ou église à gauche qui n’est plus la tente d’Abraham, mais la Maison du Père, la Maison de prière ; et le rocher à droite symbole de la montagne théophanique (Moïse, puis Thabor).
marie-reine (jeudi, 15 novembre 2012 16:12)
Bonjour,
ARsénios peut-il donner plus de précisions sur les dernières restaurations de l'icône de Roublev ? date ? par qui ? publications en français ?
merci
Nicolas (vendredi, 16 novembre 2012 18:37)
[Je poste ici mon intervention en deux messages car un message ne peut contenir que 500 caractères maximum]
1/2
Cher Arsénios,
Bien qu’ayant déjà tenté d’éclaircir la question dans ma précédente intervention, je reviens sur le sujet à ta demande et également parce que ton message appel quelques commentaires.
J’ai été quelque peu frappé à la lecture de ton message, par la similitude avec ce que j’ai étudié récemment dans le cours d’Exégèse patristique de l’Institut st Serge. En effet dans cette matière, tu m’excusera ce moyen détourner d’aborder la question qui nous occupe, nous apprenons les différentes méthodes d’interprétations des Ecritures utilisées par les Pères, et notamment aux IV e siècle, la différence entre les Ecoles d’Alexandrie et d’Antioche. Pour être assez bref, bien que les deux écoles utilisent l’allégorie et/ou la typologie dans l’interprétation des Ecritures, l’école d’Alexandrie se distingue par sa dépréciation du sens littéral ou historique du texte et a contrario exalte le sens allégorique comme étant la vérité supérieur cachée au sein du texte. Cette manière d’interprétation fut influencé par le platonisme et les plus éminents représentants de cette école furent Clément et Origène. Tandis que l’école d’Antioche (et pour la suite toute l’Eglise) voyant le danger d’une telle conception, n’hésita pas à affirmer que tout les passages de l’Ecriture ont un sens historico-littéral, certains n’ayant d’ailleurs que ce sens là, tandis que d’autres peuvent être en plus l’objet d’une interprétation allégorique et/ou typologique. Ainsi face à une interprétation désincarner de l’Ecriture, l’école d’Antioche réaffirma l’incarnation de la Parole de Dieu dans l’Histoire, Histoire du Salut, avant toute interprétation spirituelle, prophétique, eschatologique.
Tout ceci, pour en venir au fondement de l’iconographie qu’est l’incarnation comme l’affirme st Jean Damascène, fidèle successeur de l’école exégétique d’Antioche pourrais-je dire pour souligner un peu plus le lien avec ce qui vient d’être dit précédemment. Ainsi donc, sans incarnation pas d’iconographie possible, comment donc représenter l’Unique Divinité Trinitaire, fondement de notre Foi (Je crois en Un seul Dieu le Père…Fils…Saint Esprit…), alors que seul la seconde hypostase de la Trinité s’est incarné ? Comment représenter la Divinité Tri-Unique que personne n’a jamais vu ? car « Personne n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l'a fait connaître. » (Jean1:18). Doit-on tout simplement s’abstenir de représenter ce mystère ineffable ? Assez tôt, l’Eglise a choisit d’utiliser pour cela l’une des Théophanies de l’Ancien Testament manifestant la Divine Trinité, il s’agit de l’épisode plus communément appelé l’Hospitalité d’Abraham (Genèse 18) comme cela a maintes fois été dit (par Père Philippe, toi-même et moi-même). Je ne reviendrais pas sur l’évolution de la représentation iconographique de cette scène, ce que tu évoque au début de ton message. Mais peut être faudrait il insister une fois de plus sur le fait que, bien que je vienne de l’évoquer au paragraphe précédent, l’icône dite de « La Sainte Trinité » n’est pas une icône de la sainte Trinité au sens littérale de la phrase, car la Très Sainte Trinité ne peut être représenter, il s’agit en revanche d’une icône de la manifestation encore voilée de la Divinité Trinitaire lors de l’apparition à Abraham au chêne de Mambré, évènement historique, manifestation divine (théophanie) historique qui nous permet d’entrevoir de manière voilée la Divinité Tri-Hypostatique irreprésentable. Voilà pourquoi le génie de st André (Roublev) a été de représenter pour la première fois le mystère Trinitaire à travers cette théophanie à Abraham d’une manière aussi parfaite, aussi céleste pourrait-on dire, qui puisse être réalisée.
(à suivre)
Nicolas (vendredi, 16 novembre 2012 18:41)
[2/3 le reste de mon message ne logeant pas ici, la conclusion se trouve donc dans un troisième et dernier message]
L’icône de Roublev reste parfaitement incarner dans l’histoire, tout en réduisant les éléments historiques au strict nécessaire : les trois anges avec leur bâton de marche, la table d’Abraham avec le veau, la maison d’Abraham, le chêne de Mambré et le rocher. Pour faire à nouveau le lien avec l’exégèse de l’école d’Antioche nous avons ici le sens historique de l‘évènement et littéral par rapport au texte. Mais bien sur cette évènement comporte aussi un sens allégorique, prophétique qui est la révélation futur du mystère trinitaire à l’Eglise, Abraham le père des croyants étant ici le père de l’Eglise (pas seulement de l’Eglise vétérotestamentaire). Le positionnement des anges en cercle représentant la périchorèse des trois hypostase divines, assis autour de la table image du Conseil prééternel, table devenu autel. Les anges de visages presque identiques montrant l’unité de la nature divine, tout en ayant chacun des vêtements particuliers, image des propriétés hypostatiques, et par lesquels ont distingue le Père, le Fils (les vêtements sont les mêmes utilisé pour le Christ Pantocrator) et l’Esprit (portant le vert pentecostal) ; bien que, je le rappel à nouveau, il ne s’agit pas d’une représentation des hypostases divines qui sont irreprésentables, à l’exception de l’hypostase de Fils à cause de son incarnation. Je ne m’attarde pas plus sur les couleurs en générales, ni sur l’expression des visages, des mains, des pieds… on en trouvera aisément des commentaires ailleurs. Le bâton identique des anges symbolisant que les Trois Personnes Divines sont de même autorité, puissance et honneur. Chacun ayant au dessus de lui un élément de la scène historique : la maison d’Abraham symbolisant la maison du Père (Jean 14:2), image du Royaume, le chêne de Mambré symbolisant l’arbre de la croix, et le rocher symbolisant le rocher fendu (autre image du Christ cf. I Co 10:4) d’où jaillit l’eau vive de l’Esprit le jour de la Pentecôte (car la Pentecôte en tant que fête liturgique est aussi la fête de la Très Sainte Trinité et le lundi de Pentecôte le jour du St Esprit.)
Et pour finir, il nous reste ce qui est sur la table devenu autel, le plat contenant la tête de veau, coupe de l‘immolation du Christ. L’ange du centre bénissant (il s’agit d’ailleurs d’une modification, à l‘origine ne figurait que l‘index) ce calice que le Fils acceptera avec obéissance envers le Père (Luc 22:42), devenant ainsi le grand prêtre par excellence, Il (le Christ) devient celui « qui offres et qui es offert » (Liturgie de st Jean Chrysostome). Et une fois encore, on en reviens à notre comparaison d’avec l’exégèse patristique où l’école d’Alexandrie voudrait surement y voir déjà la tête du Christ, l’accomplissement de l’Ancien Testament, la vérité caché sous le sens littéral, oubliant ainsi la réalité historique de l’évènement au profit de son sens allégorique, oubliant ainsi le fondement de l‘iconographie qui est l‘incarnation, qui est un évènement historique. Mais l’école d’Antioche et à sa suite la Tradition de l’Eglise nous rappelle avant toute interprétation le fondement historique de la Théophanie et de l‘iconographie, la théophanie trinitaire sous le chêne de Mambré où Abraham offrit du veau aux célestes voyageurs, et ensuite seulement nous pouvons y déceler un symbole du sacrifice du Christ (dans le veau) comme tout les autres thèmes symboliques que l‘icône révèle et que j‘ai très brièvement évoqué. Nous sommes ici avec Abraham déjà sous la loi, cette même loi donné par Dieu qui prescrira toute sorte de sacrifice qui seront tous des symboles, des types, du seul et unique sacrifice du Christ pour le pardon des péchés (et non pas seulement l’agneau, tous même le bouc, le veau, ect…, la loi associera d‘ailleurs en Lévitique 9:3 le veau et l‘agneau pour le même sacrifice. Le Christ lui-même dans la parabole du Fils prodigue nous dit que le Père fait tué un veau pour le retour de son fils déchu Luc 15:23, le veau étant Notre Seigneur IC XC, cf. Synaxaire du Dimanche du Fils Prodigue dans le Triode).
Cette icône de la Trinité de saint André, que j’ai bien faiblement et très incomplètement tenté de décrire, est vraiment digne d’avoir été canonisé par l’Eglise comme l’icône de référence de la représentation du mystère Trinitaire irreprésentable.
Nicolas (vendredi, 16 novembre 2012 18:43)
[3/3 suite et fin]
Pour conclure mon message, bien plus long que je ne l’aurais voulu et qui ne fais que reprendre d’une manière certes plus développer, ce que j’avais écris dans mon précédant message ; je te paraphraserai, en disant que pour être en cohérence avec l’ensemble de l’icône, avec l’ensemble de la Tradition iconographique orthodoxe et même comme nous venons de le voir avec l‘ensemble des Ecritures (tant Ancien que Nouveau Testament), il convient de représenter une tête de veau dans le plat, ce qui le cas contraire engendrerait une infidélité envers l’évènement historique, le texte des Ecritures, le fondement de l’iconographie.
En espérant ne pas avoir été trop confus dans mes propos.
Fraternellement en Christ,
Nicolas
Marie-Reine (vendredi, 23 novembre 2012 08:36)
Cher Nicolas, cher Arsénios,
Bien que Nicolas ait déjà exposé une analyse que je partage, avec l'angle d'attaque intéressant et pertinent des Ecole d'Antioche et d'Alexandrie, j'interviens afin de donner un petit éclairage supplémentaire.
Je reviens rapidement sur les interprétations patristiques de la scène de l'Ancien Testament dont on ne pouvait pas dégager un consensus.
Père Nicolas Ozoline, dans "Mélanges liturgiques offerts à la mémoire de l'archevêque Georges Wagner"
nous indique 3 interprétations : une christologique (Saint Hilaire de Poitiers), une trinitaire (Philon d'Alexandrie, Ambroise de Milan) et une angélologique (Saint Paul Hb XIII, 2 - St Jean Chrysostome).
L'interprétation christologique a été longtemps majoritaire.
Cette diversité d'interprétations va biensûr apparaître dans l'hymnographie et l'iconographie.
avec essais d'harmonisation de cette diversité.
tout ça pour dire que l'inscription "Sainte Trinité" apparaît pour la premiere fois dans un psautier grec du XIè s.
Au siècle suivant, on le voit dans la décoration murale. Dans les icônes au sens strict, il apparaît seulement au XIVè s.(article : idem)
Toute cette évolution et hésitations illustrent le fait que la Trinité n'est pas directement représentable.
Il faut le recours à la typologie et donc partir de la scène historique de Genès 18.
L'icône, qui est un texte en image, ne pourra "parler pour les yeux" qu'en termes allusifs
L'icône ne montre pas la Trinité, elle nous fait entrer dans le mystère trintaire par l'impact visuel qui saisi l'être tout entier et par lequel on perçoit lumière, paix, transparence, immatérialité et en même temps circulation d'amour et invitation à entrer au banquet.
Tout ceci a été dit bien des fois et mieux que moi.
Connaissant l'évolution du thème, nourrit par les textes liturgiques en tant que moine, imprégné de l'héritage spirituel de Saint Serge de Radonège,
Que fit Andreï Roublev ?
En quoi a-t-il innové et jusqu'où, par apport aux icônes précédentes ? Toute cette introduction n'a d'intérêt que pour souligner le fait que ce maître n'a introduit aucun élément nouveau.
Comme le souligne Gabriel Bunge dans "L'iconographie de la Saint Trnité des catacombes à Andréï Roublev" :
"Bien que nouvelle dans sa façon de représenter chaque élément, il n'y a rien de nouveau. En ce sens, Roublev n'est pas du tout original. Son génie a consisté à recueillir la tradition iconographique de son Eglise pour parvenir à une profondeur et une clarté qui n'avaient jamais été atteintes auparavant..."
Ainsi, les éléments sont transformés, mais non changés. La tente devient maison (mais la tente est une maison), l'arbre reste un arbre, les anges restent des anges, etc. Même l'absence d'Abraham et Sarah n'est pas nouvelle.
C'est la façon de placer les éléments, de leur donner des proportions nouvelles qui conduisent au sommet et au caractère exemplaire de ce thème de la Trinité.
Toujours G Bunge : "Les sources anciennes qui évoquent le moine André mettent surtout en relief sa grande humilité qui, plus encore que son génie artistique, a conduit ...à la canonisation de sa Trinité..."
Marie-Reine (vendredi, 23 novembre 2012 09:21)
Je pense, comme Nicolas, avoir atteint le maximum de caractères...
J'en viens donc au contenu de la coupe
Suivant la logique intrinsèque de l'icône et de son auteur, il me semble très peu probable qu'il ait changé la tête d'un animal par la tête du Christ.
A ma connaissance, aucun icône précédente ne l'a représentée. Ce qui s'explique par le fondement de l'icône, comme l'a dit Nicolas.
De plus, par la suite, des copies de l'icône de roublev ont été faites, et aucune ne reprend la tête du Christ (d'après mes connaissances biensûr)
Un élément n'a pas été repris dans son écriture originale, c'est effectivement les doigts de l'ange central.
Le renvoi au sacrfice eucharistique est pour autant évident. Et la table (qui reste une table, même si c'est l'autel : table sacrée et consacrée), et la coupe-calice (mais le calice est une coupe ...) contenant la tête du veau est un renvoi et une allusion au sacrifice du Christ.
Le Père Lev Gillet, dans un article de "Irénikon" 1953, repris dans Contacts, n° 116, a un paragraphe intéressant :
"Le mets offert aaux anges et posé qqur la table acquiert une signification qui dépasse infiniment le geste hospitalier du patriarche. Il ne s'agit plus ici d'Abraham et d'Isaac. Nous devons chercher au veau immolé un autre et plus haut sens. Dieu prescrira plus tard à Aaron d'offrir un jeune veau en sacrifice pour le péché (Lv 9, 2-11), un même holocauste associera un veau et un agneau, tous deux sans tache et âgés d'un an (Lv, 9, 3-12). Plus tard encore, le Sauveur lui-même, dans une parabole, racontera comment le père de l'enfant prodigue fit tuer un veau pour le festin par lequel il célébra le retour du fils (Lc 15-23)
Je ne vois pas pourquoi, Arsénios, le veau serait indigne de représenter le sacrifice futur.
Renseignement pris, le veau est appelé veau jusqu'à l'âge d'un an. Les cornes ne sont pas encore bien formées (je plaisante !)
Ce qui est possible , à mon avis, c'est que Roulev est fait le glissemnt du veau à l'agneau.
Cela reste un animal de sacrifice et il apparaît à plusieurs observateurs de l'icône.
Dans les pagesorthodoxes.net, le § consacré au contenu de la coupe note qu'on peut voir un agneau, ou si l'on tourne tourne le regard dans un certain sens, on peut voir le sisage du Christ???. Philippe Verhaegen dans son livre : "L'icône de la Trinité d'Andreï Roublev" parle d'un agneau découpé.
Je crois que la perception de cet élément de l'icône reste floue, et qu'il faut s'appuyer en définitive sur la théologie de l'icône comme Nicolas nous l'a soutenu.
Mais j'avancerai un autre aspect quand-même : en admettant que la tête du Christ soit représentée, il faudrait lui mettre une auréole cruciforme et le nommer. N'y aurait-il pas alors des traces ?
Et alors, on introduit une représentation directe d'une des Personnes de la Trinité...
Si on peint un visage sans auréole et sans nom, ce peut être n'importe quel visage
La représentation du christ dans la coupe existe dans l'iconographie, mais alors c'est l'Emmanuel, et dans un tout autre contexte.
J'ai vu l'icône à la Galerie Trétiakov en 1994, rien de probant !
Une icône qui a été peinte aumoins 6 ou 7 fois comme me l'a dit une amie restauratrice peut avoir , même après restauration des zônes difiiiclement lisibles;
Fraternellemnt MR
)
Macha (lundi, 26 novembre 2012 11:02)
Merci à la personne qui a intégré au thème de ce blog la citation de Saint Hilaire, cela fait du bien !
arsenios (vendredi, 30 novembre 2012 22:36)
L’Inaccessible dévoilé par le cœur et dans le regard
Méditation sur l’icône de la Sainte Trinité
Nous ne savons pas avec certitude ce que Roublev a peint dans la coupe. Les restaurations de V.P. Gourianov en 1906 (Le Peintre d’icônes. Deux icônes de la Sainte Trinité et leur restauration…, Moscou, 1906), et de I. Grabar, laissaient deviner dans la coupe un visage. Ce qu’on voit aujourd’hui sur les photos les plus récentes, et après les dernières restaurations me paraît ne plus laisser d’ambigüité : elles font apparaître dans la coupe un visage humain. La probabilité de cette présence du visage du Christ est corroborée de facto depuis des décennies par les innombrables icônes écrites dans le monde entier d’après le schéma de Roublev.
A ce stade du dialogue autour de l’icône de la « Sainte Trinité », et en particulier sur le contenu de la coupe, il me parait opportun de focaliser davantage l’argument sur le sens théologique de la manifestation trinitaire, donc sur le rapport entre l’annonce de la descendance apporté par Dieu d’abord à Abraham (Gn 17), ensuite confirmé par les trois visiteurs à Sarah (Gn 18), et son avènement (Incarnation du Christ-Dieu), plutôt que figer cette manifestation uniquement dans un sens pré-figuratif, lié au récit biblique : l’Ancienne Loi est désormais accomplie et l’icône de l’Hospitalité d’Abraham se distingue de celle de la Trinité telle que l’écrit Roublev. « Voici que moi je vais faire du neuf qui déjà bourgeonne ; ne le reconnaîtrez-vous pas ? » (Isaïe, 43, 19)
La descendance d’Abraham c’est Jésus « Or, c’est à Abraham que les promesses furent adressées et à sa descendance, c’est-à-dire le Christ » (Gal 3, 16).
A partir de cette corrélation entre Ancien et Nouveau Testament, l’on peut revenir sur la possibilité de rendre visible l’accomplissement de cette promesse (Incarnation de Dieu le Verbe) par l’iconographie : « Tout comme la Sainte Ecriture, l’icône communique un fait historique - un événement de l’Histoire sainte… - et tout comme l’Ecriture sainte, elle indique la révélation contenue dans cette réalité historique qui dépasse le temps. » (L.Ouspensky, Le Sens des icônes, p.35)
Lire cette icône à la lumière de sa double origine nous amène à « saisir » quelque chose qui relève tout autant de l’événement historique que de la pensée théologique.
« Les préfigurations vétérotestamentaires étant accomplies dans le N.T., le concile prescrit de remplacer les symboles de l’A.T. et des premiers temps chrétiens par la démonstration de leur sens direct…Ce qu’avaient préfiguré les symboles vétérotestamentaires est devenu réalité dans l’incarnation et cette réalité est, à son tour, une image de la gloire divine, celle de l’élévation de l’humilité de Dieu le Verbe. » (L.Ouspensky, Le Sens des icônes, p.28)
L’évidence du sens dogmatique de l’apparition des trois pèlerins comme manifestation trinitaire dans l’icône de Roublev nous permet de parcourir les différentes superpositions iconographiques d’un même et unique thème : le plan salvifique du Dieu-trinitaire.
arsenios (vendredi, 30 novembre 2012 22:37)
Le visage de la coupe, tel que Roublev l’a suggéré, et que nous l’écrivons, ne transforme en aucune manière l’icône de Roublev en icône uniquement symbolique, et cela pour deux raisons :
- d’abord parce que le visage du Christ dans l’icône témoigne réellement de la présence visible de son Incarnation dans l’histoire.
- ensuite parce que dans l’icône de Roublev les éléments symboliques se référent, tout en s’en distinguant, au récit biblique et à l’Histoire de Dieu.
La perspective inversée propre à l’icône sert à libérer l’image sacrée du temps et de l’esprit du monde : « Elle n’est pas une fenêtre par laquelle l’esprit humain doit pénétrer dans un monde représenté, mais elle est un lieu de présence ». (I.Sendler, L’icône image de l’Invisible, p.120). Roublev, dépassant le temps et l’espace, rend visible la circularité trinitaire orientée vers la coupe eucharistique qui est l’expression de l’Economie divine, la révélation du Christ.
Le schéma de cette icône peut être réduit provisoirement à ses trois dimensions :
- l’arrière-plan (maison/église, arbre/arbre de vie/bois de la Croix, et rocher/montagne théophanique) : ce niveau, tout en restant relié au récit historique de Gn 18, symbolise, dans sa double lecture, l’approche du contenu eschatologique de l’icône dans sa totalité : la déification et le salut de l’homme ;
- le plan central (les trois personnages de la visite à Abraham et en même temps la manifestation trinitaire avec ses distinctions hypostatiques. Les trois êtres divins ne sont pas un symbole, mais l’image visible, iconologique, de cette manifestation divine (vêtements, postures, regards, nimbes, bâtons et gestes de bénédiction) ;
- le premier plan (la table/autel), la coupe du sacrifice/ calice de l’eucharistie portant le visage du Christ.
Ce que nous lisons avec clarté dans cette icône et ce que nous voyons en l’esprit c’est la communion trinitaire. Le rapport de cette icône rédemptrice avec le récit historique de Gn 18 demeure dans la présence des trois visiteurs et la représentation épurée des éléments de l’arrière-plan : trois symboles historiques dans le temps et trois présences hors du temps, dans l’Histoire de Dieu, prééternelle. L’icône du Christ est le fondement et le résultat visible de l’accomplissement de l’Ancienne Loi. En suivant l’Eglise et la Tradition des Pères, Roublev transfigure l’apparition historique des trois visiteurs à Abraham, en image de la manifestation trinitaire, et l’inscrit dans l’unité de leurs distinctions hypostatiques (positions, gestes, couleurs).
L’icône de Roublev assume la plénitude théologique et iconographique de la manifestation trinitaire. Elle dépasse l’anecdote historique de l’A.T., car le plan de Dieu pour le salut des hommes est accompli. Dieu apparaît, Il se donne. Devenu visible par l’incarnation du Fils, Il s’offre en sacrifice, abolissant ainsi tous les anciens sacrifices : « Tout ce que l’homme plaçait dans ses sacrifices, consciemment ou inconsciemment, obscurément, partiellement et d’une manière informe, tout ce qu’il en attendait et qui ne pouvait ‘monter au cœur de l’homme’ (I Cor.II,9), tout cela fut accompli et donné une fois pour toutes par ce sacrifice des sacrifices. » (A.Schmemann, l’Eucharistie Sacrement du Royaume, p.107).
C’est pourquoi toute l’écriture de Roublev - les trois plans, les éléments retenus, la circulation des regards entre les trois personnes - tend à placer dans la coupe eucharistique le visage du Christ.
arsenios (vendredi, 30 novembre 2012 22:39)
suite
Réflexion théologique
La relation entre les Saintes Ecritures, prééternelle Parole de Dieu au-delà des temps et du temps des mortels, et la représentation iconographique, présence vivifiante de cette même Parole, n’est pas essentiellement de nature sémantique, épistémologique ou historique. Elle est avant tout participation par le Saint Esprit en communion avec la réalité du Christ.
L’icône acheiropoiétès du visage du Christ (« Qui m’a vu a vu le Père » Jean, 14,9) est cette réelle énergie divine transmise par la résurrection du Fils de Dieu.
D’une part, et de manière indissociable, la Bible - Parole de Dieu- et, d’autre part, l’Icône, élément liturgique de l’Eglise, réceptacle de la présence du Divin (l’écriture en esprit), à laquelle, en l’écrivant et en signe de vénération, nous adressons nos prières, ces deux résonances d’une même Vérité dans une expérience mystique vécue par la communauté ecclésiale, ces deux paroles hautement liturgiques, ne font qu’une seule lecture, un seul sens théologique (ou dogmatique) établi par l’Eglise orthodoxe, qui confirme et témoigne la foi.
L’Eglise est toujours Eglise du Christ, vivifiée par le Saint-Esprit par l’offerte sacrificielle du Fils de Dieu. L’Eglise est trinitaire et proclame cette vérité par le credo. La place de l’icône de la Trinité à côté du saint Evangile rappelle l’efficacité du plan trinitaire du salut.
Ce chemin singulier, unique et spécifique du mystère eucharistique dans sa manifestation trinitaire, ce chemin qui, dans son incandescence intérieure (le souffle embrasé en permanence de l'Esprit de la Pentecôte, zéon), met à l’écart les schémas conceptuels aptes à la séparation entre théologie et vie spirituelle, ce chemin est la seule expérience historique de Sa révélation.
Le parcours de l’exégèse a fait son chemin depuis les temps anciens de l’apparente dichotomie de l’école d’Alexandrie et d’Antioche. Les moyens sémantiques ou symboliques ont évolué et restent à disposition de l’homme (le chercheur) pour atteindre les profondeurs infinies du sens de la présence du divin.
Le chrétien orthodoxe acquis au salut du Christ, au sein de l’Eglise, porte en lui un nouveau regard éclairé par la lumière mystique de ce face à face avec le Sauveur.
« L’Ecriture est à la foi éternellement la même et éternellement nouvelle pour chaque moment du déroulement de la création. » (D.Staniloae, Théologie ascétique et mystique…). La Parole de Dieu se situe bien au-delà du texte, là où l’homme rencontre Dieu par Son corps et Son sang : le Christ : « ce mystère qui avait été caché dès les siècles et dès les générations, mais qui a été maintenant manifesté à ses saints » (Col.1,26).
« L’homme a besoin de ces deux facultés s’il veut sans faux pas cheminer sur la voie vers Dieu : l’intelligence de l’Ecriture en esprit et la contemplation spirituelle des réalités de la nature. » (Maxime le Confesseur, Ambigua ; PG, 91,1128 )
Pour échapper aux limites de la lettre polysémique (où la parole divine demeure cryptée), c’est dans la prière intime à Dieu, par le don de soi-même dans la relation eucharistique avec Dieu que s’opère l’ouverture du chrétien à l’avènement de la Rédemption : l’accomplissement de l’unité triadique par la Rédemption est là.
« Il faut encore préciser que les paroles de l’Ecriture, les actes de Dieu qui s’y trouvent décrits -révélation surnaturelle de Dieu - , ont un sens plus explicite et un caractère d’exigence plus marqué pour nous que le sens, les paroles de Dieu incorporés dans les créatures… » (D.Staniloae,)
arsenios (vendredi, 30 novembre 2012 22:41)
Le sens de l’Ecriture (sa Vérité) et celui de l’Icône (ouverture à la Vérité) ne sont pas, dans leur unique Vérité, des objets « allusifs » à cette Parole : elles sont cette Parole.
La forme des mots (parole) et de la peinture (image), le contenu de l’une et de l’autre, sont cette Vérité, non seulement historique et spirituelle, mais essentiellement divine et immuable. Le travail de l’iconographe n’est pas une adaequatio mentis, (qui reste une opération de la raison) mais s’inscrit dans le dévoilement par la grâce de la même Vérité par Elle-même. La Vérité révélée n’est pas une lettre morte, mais une Parole vivante.
La présence du visage du Christ dans la coupe, offert pour le salut du monde à la place de l’animal sacrifié (le veau), est la véritable fidélité historique. En Christ « nous avons l’accès auprès du Père » (Eph.II,18). Il a arraché la vérité au temps provisoire de la préfiguration au nom de sa Vérité prééternelle : « Ne craignez donc point : car il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu. » (Mt, 10,26). Ce dévoilement dans l’icône n’est possible que par l’Incarnation du Fils.
L’icône, dans son caractère dogmatique, (dans ce qui, en son cœur même, est gardé secret) ouvre à la lumière de l’Esprit Saint qui « souffle où il veut » (Jean, 3,8) se manifestant de bouche en bouche (Saint Irénée). L’œuvre de l’Esprit nous fait renaître par une proclamation tacite tel un silencieux kerygma (Saint Basile, Lettre 12 ; Luc, 4,18). Il opère un retrait de l’ancienne image sacrificielle de la temporalité ancienne pour la remplacer par le Visage non peint de main d’homme.
La mystique trinitaire de saint G.Palamas a son point de départ dans l’image trinitaire « crucifiée » (Anthirrhétique). La présence de Dieu dans la manifestation de la Trinité a son unique fondement dans l’Incarnation. Le Père montre la divinité du Fils. Le mystère inséparable du Fils et du Verbe de Dieu « est » par sa manifestation : ce qui avait été caché de toute éternité, se manifeste. (v.G.Palamas, Homélie 53). Dieu le Père annonce par avance la naissance selon la chair de son Fils unique. Le prophète Michée témoigne : « Et ses origines remontent au commencement des jours c’est-à-dire depuis l’éternité. » (Mi, 5,1)
A travers l’expérience des Prophètes dans l’A.T.et celle des apôtres dans le N.T., la gloire de la Sainte Trinité parvient et éclot de manière éternelle dans les œuvres de Dieu sur terre qui est le lieu salvifique pré choisi. L’Incarnation de Dieu le Verbe et la réelle participation à cette lumière de l’Incarné par l’Esprit est le témoignage de la distinction des trois hypostases divines. Dieu n’est pas un Etre abstrait, ni un individu suprême, enfermé dans sa solitude.
Sa manifestation est une vérité historique dans et hors du temps, de même que, de toute éternité son Incarnation a une incidence dans le temps passé et dans le temps à venir.
arsenios (vendredi, 30 novembre 2012 22:41)
suite et fin
Dans ce contexte, cette approche par la foi de l’icône du Christ (toute icône est icône du Christ) se détache de toute relativité linguistique ou symbolique. Le sens de l’écriture iconographique c’est le récit de l’événement originaire, l’Histoire de Dieu.
L’iconographe transmet cette vérité, cette Histoire, et c’est dans cette transmission de la Tradition orthodoxe - Tradition enracinée dans l’Ecriture et les Pères -, par la prière et l’ascèse, par la métanoïa, que l’ouverture à l’illumination s’opère d’elle-même.
Le sens de l’icône ne se réduit pas à son allusion, ni à sa symbolique, ni à sa forme. Le kondakion du Triomphe de l’Orthodoxie (concile de 787) dit : « Le Verbe indescriptible du Père s’est rendu descriptible en s’incarnant de Toi, Mère de Dieu »
L’icône, nous rappelle Ouspensky, trouve son fondement dans le dogme christologique : l’incarnation est le fondement de l’image. « De même que là (dans la Trinité) le Christ se distingue du Père par l’Hypostase, Il se distingue ici de sa représentation par la nature. Ainsi, l’image du Christ est le Christ […] et le pouvoir n’est pas disséqué, ni la gloire n’est divisée, mais cette gloire appartient à celui qui est représenté. » (ibid. p.32)
L’icône de saint André Roublev garde le mystère de la Trinité dans son dévoilement même. Devant cette Vérité tout questionnement est suspendu. Par l’Eglise, le fondement de la révélation dans l’icône est la présence du Christ.
L’image du visage du Christ est cette Vérité qui se donne, elle n’est pas une image symbolique, mais une révélation inscrite dans le mystère de cette communion trinitaire : accomplissement hors des temps, visible et historique. « Je cherche ton visage, ton visage Seigneur, je le recherche : ne détourne pas ta face » (Psaume 26).
Le visage du Seigneur est le chemin de l’icône, c’est une exigence spirituelle dans le chemin de déification de chaque chrétien orthodoxe.
hilaire (dimanche, 02 décembre 2012 18:21)
Il me paraît difficile de citer Léonid Ouspenski comme cela est fait dans ces derniers commentaires d'Arsénios, commentaires tirés de son livre "Le sens des icônes", et d'y lire en page 185 parlant des anges "les gestes de leurs mains sont orientés vers le calice eucharistique contenant la tête d'un animal sacrifié sur la table blanche comme sur un autel. PREFIGURANT le sacrifice volontaire du Fils de Dieu, ce calice fait converger le geste des mains des anges, indiquant l'unité dans la volonté et l'action e la Sainte Trinité qui conclut une alliance avec Abraham." Alliance qui certes aboutira comme le rappel Arsénios en citant Saint Paul, au Christ
arsenios (lundi, 03 décembre 2012 22:48)
Ma contribution au dialogue sur la Trinité de Roublev est une méditation sur la cohérence interne de l’icône à la lumière de l’iconologie et de la théologie – méditation qui interroge ma propre démarche d’iconographe.
Elle n’est pas un commentaire, encore moins une démonstration, et doit être lue dans son ensemble comme un chemin, une réflexion qui s’adresse à l’intelligence de l’âme.
Dans ce contexte, les citations (entre autres celles d’Ouspensky) nourrissent la recherche du sens de l’icône de Roublev, dans la « résonance » entre Ancien et Nouveau Testament, préfiguration et accomplissement du Sacrifice du Christ.
Il est évident qu’Ouspensky ne conclut pas littéralement dans le sens de ma démarche mais, lu dans son ensemble, son texte comme ceux des Pères de l’Eglise, se réfère au dogme christologique qui constitue le socle de ce chemin intérieur et laisse ouverte la possibilité de rendre visible le visage du Christ dans la coupe « eucharistique ».
De nombreux iconographes font également cette lecture des textes.
Il n’est pas question d’opposer les icônes de l’Hospitalité d’Abraham à l’icône de la Trinité telle que l’écrit Roublev, mais de faire écho à ce signe nouveau de révélation qui s’appuie sur Le Sens des icônes pour ouvrir un chemin spirituel à parcourir.
Nicolas (jeudi, 27 décembre 2012 19:18)
Ayant remarqué que la réflexion se poursuit, je me vois obligé d’intervenir à nouveau car le texte d’Arsénios appel une nouvelle fois plusieurs commentaires.
Je serais relativement bref car je pense que tout a déjà été dit, aussi je ne ferais que reprendre une série de point, parfois en développant d’une manière quelque peu différente mais dans le fond en apportant rien de nouveau.
Le texte de notre frère Arsénios étant relativement fourni et développé, développement, bien qu’intéressant mais que j’ai trouvé parfois excessif puisque n’apportant pas d’avancer réelle sur le sujet qui nous intéresse et qui, il me semble, sont à éviter afin de respecter le format concis d‘un blog comme celui-ci. Bien qu’il y ait un certains nombre de passages donc, sur lesquelles l’on ne peut rien trouver à redire, quelques autres néanmoins appels aux commentaires.
- Le premier argument qui nous est présenté est, que suite a deux restaurations de l’icône de Roublev au début du XXe siècle, l’icône laisse « deviner dans la coupe un visage » ce qui aujourd’hui « paraît ne plus laisser d’ambigüité ». Ceci étant « corroborée de facto depuis des décennies par les innombrables icônes écrites dans le monde entier d’après le schéma de Roublev. »
L’on est vraiment heureux d’apprendre cet argument de poids. En effet, bien que ne niant pas la possibilité de l’existence de telles icônes, l’on se demande vraiment où se cache ces « innombrables icônes écrites dans le monde entier » , puisque moi personnellement mais aussi les personnes de ma connaissance et amis ayant voyager bien plus que moi dans plusieurs pays traditionnellement orthodoxe sans en avoir jamais vu une seul, l‘internet n‘en proposant pas plus. Ce qui ne laisse pas d’interroger le curieux que je suis. Remarquons également que les meilleurs spécialistes ayant étudié cette icône ne parle pas de cette possibilité et de son supposer foisonnement. Ce soi-disant argument n’en est donc pas un.
- Ensuite demandons-nous pourquoi la restauration de l’icône serait sensé révéler le visage du Christ, alors qu’elle ne montre, comme le soulignait fort justement Marie-Reine, aucune trace d’auréole crucifère ni de d’écriture (IC XC).
Ainsi comme l’écrivait Marie-Reine, si visage il y a, « un visage sans auréole et sans nom, ce peut être n'importe quel visage ».
- A quoi l’on peut éventuellement rajouter, puisque nous sommes dans une réflexion basée sur des suppositions, si visage il y a eu, originellement peint par Roublev, demandons nous pourquoi aurait-il été corriger afin de représenter une tête de veau. L’icône a été canonisé comme modèle plus d’un siècle après la mort de Roublev. Quand donc cet élément aurait-il été modifier et pourquoi?
- Ensuite je vois que l’argument selon lequel le concile œcuménique quini-sexte a décider la fin des symboles au profit de la représentation direct des prototypes est appliqué au profit de la représentation du visage dans la coupe. Hors comment appliquer ce principe a une icône qui est symbolique ou parabolique par la représentation trinitaire quelle suggère en utilisant l‘évènement historique de l‘hospitalité d‘Abraham. Une fois de plus cher Arsène tu montre ta dichotomie entre l’événement historique et la représentation théologique, entre l’Ancien et le Nouveau Testament comme tu l‘écris. L’on ne peut en appeler à la fin des symboles dans une icône que l’on veut théologique (représentant le mystère Trinitaire irreprésentable), tout en critiquant le symbole représentant un événement historique. Il y a ici confusion, l’on annule l’incarnation de l’évènement historique (hospitalité d’Abraham) au profit de l’incarnation du Verbe (représenté par le visage), et l’on critique le symbole théologique qu’est le veau (tout en étant incarner dans l’évènement historique de l‘hospitalité) mais en exaltant le symbole théologique de la représentation trinitaire. Encore une fois les principes iconographique sont ici confondus ou plutôt mélangés au profit d’une interprétation/représentation théologique, comme je l’avait fait remarquer dans un précédent message. Conception parfaitement illustrée par cette phrase : « La présence du visage du Christ dans la coupe, offert pour le salut du monde à la place de l’animal sacrifié (le veau), est la véritable fidélité historique. »
- Comme le faisait également remarquer Marie-Reine d‘une autre manière, introduire le visage du Christ dans la coupe, serait introduire une représentation direct de la seconde hypostase de la Trinité, alors que l’icône suggère déjà une représentation trinitaire en la personne des trois anges.
Nicolas (jeudi, 27 décembre 2012 19:19)
(suite)
- Pour finir je reprendrai ce qu’a déjà remarquer Hilaire. Dire comme tu le fait qu’Ouspensky « ne conclut pas littéralement dans le sens de ma démarche mais, lu dans son ensemble, son texte […] laisse ouverte la possibilité de rendre visible le visage du Christ dans la coupe », est totalement absurde et déraisonnable. Lorsque quelqu’un, en l’occurrence un des meilleurs spécialistes de l’icône, écrit très clairement et très littéralement une position totalement différente à la tienne, tant sur le contenu de la coupe que sur cette distinction trop strict entre Hospitalité d‘Abraham et Trinité selon Roublev, peignant lui-même l’icône de la Trinité avec une tête animal, il est quand même fort osée, pour ne pas dire absurde, de dire qu’il laisse ouverte la possibilité de représenter la tête du Christ.
N.B: Je voudrais souligner une chose qui n’a pas de lien direct avec l’icône qui nous intéresse. Je remercie père Philippe de l’avoir rappelé il y a quelque temps sur ce site. L’épisode de l’hospitalité d’Abraham n’est pas le seul évènement historique évoquant la Sainte Trinité dans la tradition liturgique de l’Eglise. L’épisode des trois jeunes gens dans la fournaise représente, entre autre, ce même mystère trinitaire d’une manière différente, ce que rappel les textes liturgiques:
- « Au milieu de la fournaise les Jeunes Gens * comme sous la bruine se promenaient, * réjouis par la rosée de l'Esprit, * figurant ainsi de façon mystique * la Trinité par leur nombre … » (Dimanche avant Noel - vêpres, aussi utilisé le Dimanche des ancêtres)
- « Par leur foi en la sainte Trinité, * en nombre égal, les Jeunes Gens * dans la fournaise de feu * détruisirent l'impiété: * ils ont montré d'avance au monde * les mystères secrets de Dieu * par des symboles annonciateurs. »
(Dimanche avant Noël - Matines - ode 1)
Et de manière sublime:
« De couleurs immatérielles dans la fournaise de feu * les Jeunes Gens ont dessiné avec le pinceau de la foi * l'image prophétique de la sainte Trinité… »
(17 Décembre Mémoire du st prophète Daniel et des trois jeunes gens, les saints Ananias, Azarias et Misaël - Matines - Cathisme)
claude (mercredi, 16 janvier 2013 09:16)
Je ne ferai pas une longue intervention, je me suis déjà exprimé dans la paroisse.Pour moi, il y a dans l'Icone de saint André Roublev une représentation de l'Eucharistie, donc du Christ dans le calice dont le visage est celui du Linceul de Turin. En conséquence, il ne peut y avoir dans un calice une tête de boeuf (vous y mattez des cornes, or un veau n'a pas de corne apparentes!), si vous prenez en référence la Genése, il y a les coupes pour boire et le plat pour y mettre le veau, il est insensé de mettre une tête de boeuf dans un calice.
Je vous renvoie aussi à l'étude de Nicolas Gresny sur le sujet,en vous rappelant que les Gresny sont iconographes depuis le XV siecle si ma mémoire,n'est pas trop defaillante et pour eux, il n'y a pas de doute, c'est bien la visage de Jésus-Eucharisite qui est représentée.
Nicolas (samedi, 19 janvier 2013 14:11)
Vraiment cher Claude, nous vous remercions de votre brève intervention.
La référence à Nicolas Greschny est en effet incontournable surtout lorsque l'on voit ces représentations de la Mère de Dieu avec des ailes (chapelle du voila à Coupiac), de la "Sagesse tenant la création", ou de sa remarquable trinité antropomorphe (vieillard habillé en évêque avec triangle derrière la tête, Christ enfant, et colombe avec nimbe crucifère, ce qu'il est d'ailleurs le seul a faire puisque même les orthodoxes représentant une trinité antropomorphe ne l'a représente pas comme cela)(eglise ste anne à Chatel-Guyon), pour ne citer que quelques unes des perles réalisées par cet artiste (que je n'oserais pas appeler iconographe) et qui a elles seules résument vraiment le degré de fiabilité (ou d'innovation) de cet artiste.
Il est d'ailleurs fort significatif que ces oeuvres est un large écho chez les catholiques-romains et quasi-nul chez les orthodoxes.
Quand au fait que les veaux n'ont pas de cornes, je suppose que cela est peut être vrai sur les fresques de Mr Greschny, mais si vous souhaiter vérifier je vous invite donc a venir "mater" (sic) quelques tête de veaux de plus près sur l'exploitation familliale.
Pardonnez moi le ton ironique.
Lenne (mardi, 22 janvier 2013 18:37)
Il ne faut pas confondre les citations ayant trait au Temple de Jérusalem et l'Eucharistie, d'où une différence essentielle de la vision des rabins concernant la Philoxénie d'Abraham où un seul personnage pourait symboliser l'Eternel ( " Souviens toi Israël, l'Eternel est un " ), les autres étant des hommes ou des anges qui vont détruire Sodome et Gommorhe. Ceci est très different de la vision Chrétienne.
Si vous considerez que c'est une tête de veau qu'il faut mettre dans le calice - ce qui est parfaitement hérétique si on représente l'Eucharistie et la Trinité - il faut que vous alliez jusqu'au bout de votre raisonnement et faire le Divine Liturgie en tuant des veaux et en mettant si vous pouvez les têtes dans le calice suivant une citation ....
Le sacrifice du Christ est celui montré par saint André Roublev, or c'est le Christ ressucité qui est présent dans l'Eucharisitie et dont la Résurrection a laissé l'empreinte de son visage sur le Linceul, ce qui est incontestable sauf à être d'une parfaite mauvaise foi.
Je possède une reproduction de l'Icone de saint André que m'a adressée Vera, une ancienne paroissienne,elle est postérieure à l'époque communiste qui était des athés et si c'était un veau dans le calice, il aurait des oreilles, même si vous me discutez les cornes.Or, à l'examen, il n'y a pas la moindre oreille!
Je rejoinds Nicolas Gresny dans son étude publiée au Lion de Judas en ce qui concerne le visage du Christ dans le calice, en considérant que le personnage central est le Logos,celui à votre droite le Saint Esprit, les deux étant les "mains du Père" comme dit saint Irénée, et pour comprendre examinez bien les regards des trois personnages, et qu'outre le Mystère de l'Incarnation- Rédemption, c'est aussi le mystère de l'Eucharistie qui est représenté; la demande de saint Serge de Radonège n'était pas de représenter la Philoxénie d' Abraham, mais la Trinité pour son église, n'oubliez pas. Dois-je vous rappeler que le saint concile a cononiser cette icone en tant que modèle pour les iconographes.
Nous sommes donc à deux époques très distinctes et qui ne doivent pas être confondues : celle d'Abraham et celle de l'Institution eucharistique.Or la vision trinitaire est, à mon humble avis,co éternelle d'une part et lorsque saint André Roublev écrit l'Icone Trinitaire, cela fait 1400 ans environ que l'Echarisite a été instituée par le Christ , Logos incarné, d'autre part.
Vous faites une grave confusion entre la philoxénie d'Abraham dans la Genèse qu'il faut intituler comme telle et la Vision trinitaire du Sacrifice eucharistique représenté par saint André Roublev appelée Sainte Trinité et qui ne peut comporter une tête de veau dans un calice.
De plus, mettre une tête de veau dans un calice relève de l'absurde à cause des différences de tailles et de fonction.
J'attends la démonstration de Nicolas avec une tête de veau et un calice non consacré????
Et comme je l'ai dit, faites attention aux interpétations anti chrétiennes que ceci ne manquera pas de provoquer.
j'espère ne pas être censuré.
Nicolas (samedi, 26 janvier 2013 18:30)
Cher Claude,
Ma réponse à votre dernier message s’étant perdu dans les abîmes du web, je le reposte à nouveau (ce qui explique le retard de publication).
N’ayant pas vraiment envi de perdre mon temps en écrivant une réponse complète avec votre message, je prendrais malgré tout la peine d’écrire quelques mots puisque le message semble m’être adressé, et d’autant plus que vous qualifiez ma pensée d’ « hérétique », ce que je trouve être une accusation suffisamment grave pour que je prenne cette peine.
Je commencerais par un premier rappel, rappel d’ordre scripturaire, au cas où vous n’auriez pas eu le temps de relire le récit de la Genèse avant d’intervenir. Les deux hommes (ou anges) qui partent pour Sodome n’y vont pas pour la détruire, comme vous l’écrivez, mais pour sauver Lot et sa famille.
Ceci étant dit, à la lecture de votre message je constate que vous n’êtes apparemment pas capable de faire la distinction entre ce qui est représenté et ce que la représentation suggère. Ainsi je ne vois pas ici de représentation d’eucharistie (d’ailleurs celle-ci lorsqu’elle est représentée, l’est d’une autre manière comme cela a déjà été dit) mais la représentation d’un évènement historique suggérant (de manière parabolique, typologique, allégorique, symbolique, … et j’en passe, choisissez celui que vous préférez, ne faisons pas de querelle pour des mots comme disait st Grégoire Palamas) la Passion salvatrice, par laquelle nous pouvons célébrer l’Eucharistie (comme cela a déjà été dit). De même je ne vois pas ici une représentation de la Trinité, mais la représentation d’une Théophanie historique nous révélant la mystère de la Très Sainte Trinité absolument irreprésentable (comme cela a déjà été dit).
J’en suis désolé mais je ne poursuivrai pas le débat concernant les détails anatomique d’une représentation iconographique, je laisse l’étude des cornes, des oreilles, des cils, des poils du museau, … et autres à vos soin expert, alors que a contrario vous ne fournissez pas la preuve autrement plus importante au niveau iconographique et théologique de la présence d’un nimbe crucifère entre autre (comme cela a déjà été dit).
Quand à la question de la possibilité ou non de mettre une tête de veau dans un calice (mais qui a parlé de calice? Encore une démonstration de l’impossibilité de distinguer ce qui est suggérer de ce qui est représenté) non consacré (qu’est-ce que ça vient faire là?), elle ne fait que démontrer l’absurdité de votre raisonnement.
Ne souhaitant pas m’attarder, ni faire perdre à ce fil de discussion la qualité qu’il avait jusqu’à maintenant grâce à tout les intervenants qui y ont participer, je ne ferais pas les autres commentaires que votre message appel (puisque que je ne ferais que répéter ce qui a déjà été dit) et vous laisse méditer en paix sur les soit disant « interprétations anti-chrétienne » que cela suggère.
Quand à moi, je pourrais dire qu’il ait effectivement dommage que vous n’ayez pas été censuré, car le mot hérésie n’est pas un mot qu’on lance à la légère.
Cette nouvelle publication me permet de rajouter ici pour tous, les quelques compléments d’information concernant la représentation « d’une vierge ailée » que vous m’avez demandé par un autre biais:
Je dois effectivement à la vérité de préciser que l’on peut trouver d’autres exemple de « Vierge ailée ». Après avoir regardé plus attentivement la représentation de N. Greschny l'on peut constater qu'il s'agit d'un détail d'une des scènes de l'Apocalypse. Sans entrer dans le débat sur la légitimité ou non de représenter de telle scène, bien que cela est un lien indirect avec notre sujet (en effet les représentations de vision (des prophètes) telle que des scènes de l‘Apocalypse, de l‘Ancien des Jours, de l‘Ange du Grand Conseil… sont liés, tout comme la représentation d’une trinité anthropomorphe, à une perte de vue du fondement de l’iconographie qui est l’incarnation.). Mais pour revenir à notre « Vierge ailée » lorsque l'on représente cette scène de l’apocalypse (Ap 12), l'on représente effectivement la Vierge (sous l'apparence d'une simple femme c.-à-d. sans l'inscription MP ΘU) avec des ailes et dans une mandorle, les pieds reposant sur la lune. (On en trouvera un exemple dans les fresques du monastère de Dionysiou à l'Athos, ou plus près de chez nous au monastère st Antoine le grd dans le Vercors).
Ce que N. Greschny ne respecte pas : il représente une vierge de signe (tout en omettant l'inscription MP ΘU, ce qui est contraire au canon iconographique, et entraine une confusion), il ne représente pas de mandorle, et inclus de chaque côté de la Vierge une multitude de personnage (?).
Je suis désolé mais je ne prendrais pas le temps développer plus que cela, car cela me semble suffisant pour montrer la "non-conformité" de sa représentation.