AU SUJET DE L'EGLISE ET DU SACERSOCE ROYAL

 

Première lettre de l'Apôtre Pierre, II, 5,9-10

 et vous-mêmes, en tant que pierres vivantes, laissez-vous édifier pour former une maison spirituelle, un groupe de prêtres saints, afin d'offrir des sacrifices spirituels que Dieu peut accepter par Jésus-Christ.

Vous, au contraire, vous êtes un peuple choisi, des prêtres royaux, une nation sainte, un peuple racheté afin de proclamer les louanges[e] de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. 10 Vous qui autrefois n'étiez pas un peuple, vous êtes maintenant le peuple de Dieu; vous qui n'aviez pas obtenu compassion, vous avez maintenant obtenu compassion[f].

 

Apocalypse de Saint Jean

I: A celui qui nous aime, qui nous a lavés de nos péchés par son sang et qui a fait de nous un royaume, des prêtres pour Dieu son Père, à lui soient la gloire et la domination aux siècles des siècles! Amen!

V: 10 Tu as fait d'eux des rois et des prêtres pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre.»

 

Dieu a fait une promesse à son peuple :

Les Hébreux, peuple élu de Dieu :

Deutéronome 14,2 :

 En effet, tu es un peuple saint pour l'Eternel, ton Dieu, et l'Eternel, ton Dieu, t'a choisi pour que tu sois un peuple qui lui appartienne parmi tous les peuples qui sont à la surface de la terre.

Peuple formé par Dieu Lui-même :

Isaïe 43, 20-21

20 Les animaux sauvages, les chacals et les autruches me rendront gloire parce que j'aurai donné de l’eau dans le désert, des fleuves dans les endroits arides, pour faire boire mon *peuple, celui que j’ai choisi. 21 Le peuple que je me suis formé proclamera mes louanges.[

Une promesse :

Exode 19, 5-6

Maintenant, si vous écoutez ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m'appartiendrez personnellement parmi tous les peuples, car toute la terre m’appartient. Vous serez pour moi *un royaume de prêtres et une nation sainte[a].’ Voilà les paroles que tu diras aux Israélites.»

 

Dans le judaïsme, le sacerdoce est séparé du peuple, mais avec le Nouveau Testament, le peuple de Dieu est dans l’Église et le sacerdoce appartient à tous les membres de l’Église et le peuple sert Dieu dans l’entièreté du Sanctuaire

En un mot, tous reçoivent l'Esprit, ce que dit Saint Pierre dans sa seconde lettre aux Corinthiens (3,6) :

 Il nous a aussi rendus capables d'être serviteurs d'une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l'Esprit; car la lettre tue, mais l'Esprit fait vivre.

 

Le Christ n'appartient pas à la tribu de Levy (d’où sont issus les Cohen, qui ont un rôle sacerdotal dans le Temple), mais à la tribu de David. Ceci fait que les chrétiens de ce temps ne servent pas dans le Temple.

Saint Paul va construire la dignité pontificale du Christ sur le modèle de Melchisédèque (Melchisédèque apparaît très brièvement dans le Livre de la Genèse dans l'histoire d'Abraham. Il y est désigné comme Roi de Salem et Prêtre du Très Haut),

Saint Paul fait de l'Eglise le Corps du Christ (dont nous sommes les membres) et fait ainsi du temple chrétien un temple archeiroporète (non fait de main d'homme). Saint Pierre insistera davantage sur la dimension de l'Eglise comme maison spirituelle.

A ce titre, les évêques (et plus tard les presbytes), paissent le troupeau de Dieu selon l'Esprit-Saint qui les a établit :

Actes 20,28

28 Faites donc bien attention à vous-mêmes et à tout le troupeau dont le Saint-Esprit vous a confié la responsabilité; prenez soin de l'Eglise de Dieu qu'il s'est acquise par son propre sang

 

L'Eglise des apôtres ne connaît pas la distinction actuelle de « clercs-laïcs ». Il y a un même Esprit qui distribue ses dons différemment, d’où la diversité des ministères. Chaque membre a sa place en vue de l'édification du corps entier. Le ministère commun dans l'Eglise suppose l'existence de ministères différents à travers le sacerdoce de tous les membres.

La différence entre ceux qui ont des ministères particuliers et les autres n'est pas ontologique (liée à l'être) mais fonctionnelle, car sans sacerdoce commun, il y aurait eu une différence ontologique, ce qui signifierait que la plus part des membres n'auraient pas eu les dons de l'Esprit. La grâce reçue n'a pas de « degré ». Tous reçoivent le même esprit, ce qui fait qu'il n'y a ni supérieurs ni inférieurs, quoiqu'il puisse y avoir des ministères plus ou moins élevés.

 

Proestos et peuple

L'Eucharistie, par nature, demande la présence d'un proestos et du peuple qui réponds Amen,

La fonction du proestos a évolué au cours du temps.

Pour Saint Paul (époque des évêques comme seuls présidents de l'Eucharistie), c'est un collaborateur chargé de la collecte en faveur des pauvres (diacre) ;

pour Justin martyr (100-165), c’est celui qui célèbre l'Eucharistie ;

pour Saint Basile de Césarée (329-379) c'est le supérieur avec charisme du discernement,

Dans aucun cas le proestos n'est vicaire du Christ sur la terre (hérésie papiste), ni successeur des apôtres (la succession apostolique concerne les évêques),

 

Etablissement des laïcs

Comme le dira Notre Seigneur à Nicodème (Jean 3,5) :

 Jésus répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.

 

Ceci signifie entre autre que nous recevons la grâce en vue du service, le ministères sacerdotal,

Le service s'exprime de façon parfaite au cours de l'Assemblée Eucharistique ou tous ont reçu le baptême ,

On peut remarquer que le baptême se donnait en deux temps : d’abord le bain de la régénération et ensuite l'imposition des mains, selon ce qui est dit dans Actes 8,1-17

8:12 Mais, quand ils eurent cru à Philippe, qui leur annonçait la bonne nouvelle du

royaume de Dieu et du nom de Jésus Christ, hommes et femmes se firent baptiser.

8:13 Simon lui-même crut, et, après avoir été baptisé, il ne quittait plus Philippe, et il voyait avec étonnement les miracles et les grands prodiges qui s'opéraient.

8:14 Les apôtres, qui étaient à Jérusalem, ayant appris que la Samarie avait reçu la parole de Dieu, y envoyèrent Pierre et Jean.

8:15 Ceux-ci, arrivés chez les Samaritains, prièrent pour eux, afin qu'ils reçussent le Saint Esprit.

8:16 Car il n'était encore descendu sur aucun d'eux; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus.

8:17 Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint Esprit.

Ensuite était donnée l'onction de l'Huile Sainte,

Le rite actuel du baptême reprend les éléments principaux que l'on trouve également dans l'ordination :

  • imposition de la main au 8ème jour (imposition du nom);

  • baptême d'eau

  • onction de l'Huile Sainte ;

  • habillement ;

  • tour de l'autel (du baptistère d'abord, puis de l'autel) et tonsure,

    Ainsi, tous possèdent le charisme du sacerdoce royal, non par un ministère individuel, mais par un ministère de l'Eglise, qui cesse dès qu'il n'est plus commun, Ce charisme commun du peuple n'exclut pas les charismes particuliers correspondant à un ministère dans et pour l'Eglise,

    On doit noter qu'au fil du temps il s'est établi une séparation progressive « profanes-ordonnés » avec l'interdiction du sanctuaire aux non ordonnés (et les femmes!) et vers 800, l'apparition des iconostases, avec une manière de communier différente pour les clercs et les fidèles, Cette tendance a fait qu'aujourd'hui il y a des assistants à la liturgie et non plus un peuple de célébrants.

Dieu n'a pas établi quelques hommes pour offrir des sacrifices spirituels mais tout le peuple, Cet aspect se traduit aujourd'hui par deux choses : un prêtre ne peux pas célébrer seul et le peuple, présent, doit répondre Amen aux prières,

 

Le Proestos

L'Eglise est l'assemblée du peuple de Dieu dans le Christ, et cette assemblée se manifeste dans l'assemblée Eucharistique, Et cette assemblée doit se faire avec ordre, Quant au sacerdoce du peuple il se manifeste dans cette assemblée Eucharistique, Chaque participant y est prêtre, ainsi que le proestos qui, comme tous les membres ne peut officier seul, Cependant, le charisme du proestos diffère du charisme sacerdotal qui fait que si tous sont prêtres, seul le proestos est liturge.

Dans l'Eglise tout devrait se décider en assemblée, et les décisions prises doivent être accomplies par le proestos, car la structure et l'ordre sont de la volonté divine. Donc le proestos accomplit la volonté divine révélée à l'Eglise et dirige les âmes. Rappelons ce dit Saint Paul aux Corinthiens :

2 Co 10,8

Et quand même je me glorifierais un peu trop de l'autorité que le Seigneur nous a donnée pour votre édification et non pour votre destruction, je ne saurais en avoir honte.

 

Pour clore ces quelques réflexions, disons un mot sur la succession apostolique.

On peut relever deux aspects :

  1. le ministère des Evêques établi par les Apôtres se continue sans interruption dans l'Eglise locale. Il s'agit donc d'une succession de personnes accomplissant le même ministère.

  2. Les Apôtres n'ont pas seulement établi les premiers Evêques, mais leur ont transmis leur ministère qui se conserve dans l'Eglise grâce à une suite d'Evêques, soit un rôle instrumental par la préservation du ministère.

 

Ainsi la question n'est pas dans la transmission en soi, mais dans son contenu.

Clément de Rome fait le constat suivant :

  • le Christ est envoyé par Dieu

  • Le Christ donc vient de Dieu et les Apôtres du Christ

  • les Apôtres exhortés par le Christ et revêtus de la puissance du Saint-Esprit annoncent la Bonne Nouvelle

  • les Apôtres fondent les Eglises locales et mettent à leur tête les Evêques.

 

Ainsi les premiers évêques établis par les Apôtres recevaient d'eux le ministère du proestos ce qui est une fonction de l'apostolat, mais non le ministère particulier des Apôtres.

 

Laissons la conclusion au Père Jean Gueit

Concernant le contexte plus spécialement culturel et religieux, la situation est relativement simple : Jésus est juif, respecte toutes les traditions (sauf le sabbat) et affirme qu’il est venu accomplir la loi et non l’abolir. Tous les disciples sont juifs, et Pierre, le premier d’entre eux, est particulièrement sensible à la tradition hébraïque. Sur le plan religieux, cultuel, liturgique, l'orthodoxie a largement conservé la filiation biblique, judaïque (célébration du mariage, purification de la mère, de l’enfant, etc. ; plus généralement toute sa liturgie est imprégnée du psautier). Concernant en revanche l’influence de cette filiation sur l’organisation et le fonctionnement de l’Église, sans doute ne peut-on retenir que la structure du repas, reprise par le Christ lors de la sainte cène, et à sa suite par toute la chrétienté pour la célébration eucharistique, en ce sens qu’il est toujours présidé. Cette structure induit l’ecclésiologie de l’Église, qui implique, quels que fussent les aléas de l’histoire, que toute assemblée ait un président (proestos) dont elle ne peut se passer. Mais le dit président, lui, n’« existe pas » sans l’assemblée. Ainsi, un canon du sixième siècle affirme nulle une ordination qui ne s’effectuerait pas pour une assemblée (c’est à dire une communauté existante) mais pour le désir (sinon la satisfaction) du candidat ou de l’institution (dans une perspective de prosélytisme ou de puissance). On peut suggérer que ce schéma aura son incidence, d’une part sur le fonctionnement de l’Église et, à sa suite, sur la relation entre le spirituel et le temporel. Notons ici que le principe de la présidence, universel, pourra donner lieu à des conceptions différentes : « primatiste » (variante romaine) ou « symphonique » (variante byzantine)

 

A suivre